Il n’est plus possible de faire machine arrière : l’intelligence artificielle (IA) et l’automatisation sont en train de transformer radicalement le monde du travail.
Or, si ces technologies augmentent indiscutablement la productivité et la capacité d’innovation, elles tirent la sonnette d’alarme du côté des membres du Comité social et économique (CSE). En effet, ces derniers doivent faire en sorte qu’elles ne dégradent pas les conditions de travail, la vie privée ou la santé mentale des salariés.
Quotidien du CSE vous propose d’examiner les enjeux associés aux effets de l’intelligence artificielle sur l’organisation du travail, la surveillance des employés ainsi que la gestion des risques psychosociaux.
Les conséquences de l’IA sur l’organisation du travail
Un rapport de l’OCDE nous explique que dans les pays industrialisés, 27 à 28 % des emplois sont fortement exposés au risque d’automatisation, contre 32 % susceptibles d’être en partie automatisés.
Parmi les métiers les plus touchés, il y a ceux qui impliquent des tâches répétitives et prévisibles, comme les opérateurs de production, les caissiers ou les assistants administratifs.
L’IA générative, par exemple, comme ChatGPT, menace de transformer ou de remplacer des emplois dans des secteurs tels que la rédaction, le service client ou même l’enseignement.
Les nouveaux rôles créés par l’IA !
Ne l’oublions pas, l’IA génère aussi de nouveaux métiers : data scientist, responsable éthique de l’IA, ou encore technicien spécialisé dans la maintenance des systèmes automatisés.
Ces postes exigent souvent des compétences techniques très spécifiques. En conséquence, selon le Forum Économique Mondial, la moitié des salariés devront entamer une reconversion professionnelle d’ici 2025 pour rester dans la course.
Les élus du CSE vont devoir veiller à ce que les entreprises mettent réellement les moyens dans la formation continue et créent des programmes d’accompagnement adaptées.
La surveillance et le respect de la vie privée des salariés
Les employeurs ont tiré parti de l’émergence de l’intelligence artificielle pour intensifier la surveillance des employés. Grâce à ces outils qualifiés d’« intelligents », il peuvent maintenant recueillir des données sur les performances, les absences, les déplacements, ainsi que divers aspects relatifs à la santé.
Ces stratégies soulèvent des interrogations éthiques sur la vie privée des employés ainsi que leur droit à être préservés d’intrusions injustifiable et non fondée.
Alors, où placer la ligne rouge ?
L’objectif est manifeste : empêcher les systèmes de surveillance renforcés par l’intelligence artificielle d’espionner la vie privée des employés.
Pour y parvenir, les représentants élus doivent établir des règles qui les régissent et assurer la transparence des dispositifs ainsi que leur conformité aux législations en vigueur, notamment au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Qu’en est-il de l’évaluation automatisée des employés ?
Le terrain est glissant ! Si les algorithmes sont capables de remplacer certaines évaluations humaines, ils peuvent également appliquer des biais ou discriminer. Pour éviter toutes les injustices que cela peut provoquer, les représentants du personnel doivent exiger et obtenir la réalisation d’audits réguliers de ces systèmes pour éliminer toute forme de partialité.
L’importance de la gestion des risques psychosociaux liés à l’automatisation et à l’IA
Regardons la réalité en face : l’IA en entreprise peut toucher la santé mentale des employés. Parmi les risques psychosociaux (RPS) les plus inquiétants, citons la perte de sens au travail (lorsque la machine semble se charger de l’essentiel des tâches) ainsi que l’intensification incessante des activités.
La perte de sens et la déshumanisation du travail
Bien que l’automatisation puisse réduire la charge physique, elle peut également déshumaniser le travail ou restreindre les employés à des tâches moins valorisantes.
Une étude de l’IRES montre que la capacité d’apprentissage des entreprises stagne depuis vingt ans, accentuant par la même occasion le sentiment de déconnexion entre les travailleurs et leurs missions.
Face à ces inquiétudes et cette perte de repères, les élus du CSE mettre en place des groupes de discussion ou un accompagnement psychologique.
L’intensification des tâches, autre un facteur de stress
Si l’IA augmente la productivité, elle peut pousser les employeurs à intensifier continuellement les tâches.
Les systèmes automatisés, qui permettent de relever constamment les objectifs, créent une pression qui conduit au burnout et aux TMS.
Les élus du CSE doivent donc imposer des garde-fous sous la forme de pauses obligatoires et de limites horaires, pour que la performance ne compromette jamais la santé des salariés.
Conclusion : vers une régulation équilibrée de l’IA dans les entreprises
L’arrivée de l’IA dans notre quotidien professionnel nécessite un cadre clair pour protéger ce qui compte vraiment : les droits et le bien-être des salariés.
Les élus du CSE sont en première ligne dans cette transformation majeure. À eux de s’assurer que chaque avancée technologique est accompagnée de mesures concrètes pour préserver les intérêts des travailleurs.
En adoptant une démarche à la fois proactive et collaborative, ils peuvent contribuer à façonner un environnement de travail où l’IA devient véritablement un atout pour les entreprises comme pour les salariés, sans jamais compromettre cette qualité de vie au travail dont nous avons tous besoin.
Sources de cet article :
Intelligence artificielle : quelles conséquences pour le travail – polytechnique-insights.com
Analyse de controverses : intelligence artif icielle, travail et emploi – lecese.fr